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Cause animal

Violences sur les animaux et sur les humains

Publié le 27 Août 2013 par jak058@gmail.gt

En septembre 2007, l’Oxford Centre for Animal Ethics organisait un colloque international sur les liens entre maltraitance des animaux et violence envers des êtres humains. Les actes de ce colloque, enrichis de plusieurs contributions complémentaires, sont parus en 20091. One Voice en a publié une traduction française, effectuée par Marc Rozenbaum, en mai 2012, sous le titre Le Lien – Violence sur les animaux et sur les humains.

L’ouvrage réunit 28 textes rédigés par 37 auteurs. Les contributeurs sont pour certains des enseignants ou chercheurs dans diverses disciplines (philosophie, psychologie, sociologie, sciences politiques, droit…) et pour d’autres des professionnels (police, justice, services sociaux, services de santé, vétérinaires). Il en résulte une diversité d’approches et de thèmes dont cette recension ne saurait pleinement rendre compte.

Une affirmation devenue question

L’intérêt pour les liens entre violence envers les animaux et envers les humains n’est pas nouveau. Comme le rappelle Andrew Linzey dans l’introduction du recueil, la liste des philosophes qui ont soutenu que la cruauté envers les uns favorisait celle envers les autres est fort longue : de Pythagore à Schweitzer, en passant par Thomas d’Aquin, Locke, Kant, Schopenhauer et bien d’autres.

De même, l’affirmation de ce lien fut au cœur du discours et de l’action de bien des associations de protection animale au XIXe siècle. Comme le rappelle Sabrina Tonutti (Le lien, chapitre 6), les cas ne furent pas rares d’organisations investies à la fois dans la protection des animaux et des enfants, à l’image des Humane Societies américaines, ou des associations mêlant protection animale et éducation et aide aux pauvres.

La thématique du « lien » a été en revanche largement absente du mouvement moderne des droits des animaux – encore qu’on puisse considérer que les féministes antispécistes lui ont redonné vie sous une autre forme. Mais dans l’ensemble (autant que je puisse en juger), le climat a été plutôt à la méfiance envers des approches qui risquaient de subordonner l’attention portée aux animaux aux bénéfices qui pourraient en résulter pour les humains. Peut-être le désintérêt est-il venu aussi de la fragilité des bases permettant de tenir pour acquis qu’il y ait un rapport entre les violences exercées sur des groupes d’individus différents. Après tout, on peut concevoir des arguments plausibles à l’appui de théories opposées :

  • existence de liens entre les comportements violents (similitude des processus psychiques et sociaux qui favorisent ou endiguent la violence envers des êtres sentients) ;
  • absence de lien (compatibilité de la fidélité à son clan avec l’agression et le mépris envers ceux qui n’y appartiennent pas) ;
  • existence d’un lien inversé (la paix entre les membres du groupe acquise au prix du meurtre commis en commun sur des tiers exclus).

L’ouvrage dirigé par Linzey renoue avec une thématique quelque peu tombée dans l’oubli et invite à ne pas en négliger l’intérêt. Une bonne partie des contributeurs quittent le terrain de l’affirmation ou de la conjecture, pour se demander quelles sont les données empiriques disponibles. En quelques domaines elles sont suffisantes pour suggérer des conclusions assez solides, même si des incertitudes méthodologiques demeurent. Dans beaucoup d’autres, il s’agit de territoires vierges qui restent entièrement à explorer.

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